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  • I was having a bath when the telephone rang...

     

    ...ou presque. Je m'apprêtais à écrire que ce blog était en pause pour une durée indéterminée confinant au toujours quand mon frère m'a téléphoné pour me raconter qu'il avait été attaqué par un renard. Que la communaité renardophile reste calme, nous savons que les renards n'attaquent pas l'homme. Mais il s'agit de mon frère et la génétique de la loose est plus forte que la génétique animale.

    Il finissait son jogging dans la montagne (sans commentaire), était dans la descente lorsqu'il a croisé le regard du renard, renard qui l'observait en surplomb (là s'en est suivi une explication géographico-géologico-orientationniste que j'ai cessé d'écouter dès la troisième seconde, me contentant de 'humhums' intelligemment placés) (le plus difficile dans la pratique du 'humhum' est de ne pas louper le moment où il faut raccrocher la conversation pour de vrai)(je  maîtrise à mort).  

    Mon frère, homme très rapide dans sa tête, estime (nous passons au présent de narration, l'action est intense) en gros l'envergure de saut d'un renard, la multiplie par pi au carré et fait le détour adéquat (le tout sans s'arrêter de courir).  TRès fier de lui, reboosté par cette aventure, il augmente l'amplitude de sa foulée tout en s'extasiant sur les merveilles de la nature (c'est sa version, hein, moi je dirais : flippé et pressé d'en finir)... ce jusqu'à ce que son sixième sens lui ordonne de se retourner et qu'il découvre que le renard avait lui aussi décidé d'augmenter l'amplitude de sa foulée.

    Et là, mon frère fait ce que, selon lui, toute personne normale aurait fait à sa place (il a argumenté mais j'ai rien entendu parce que j'étais en phase de représentation mentale de la chose et que donc je m'étouffais de rire) : il s'est mis à hurler et à jeter des cailloux sur la gueule de la merveille de la nature, en continuant à courir.

    Pendant que Bro'Bouboule me racontait son aventure, je me suis surprise à penser que ce renard devait être Ribboniste. Parce que c'était bien le genre des Ribbonistes de se cacher dans les virages des collines irlandaises pour attaquer leurs compatriotes irlandais qui passaient par là et les trucider. Pas n'importe quels Irlandais, les régisseurs des propriétaires terriens chargés de faire respecter les paiements des loyers, les paysans qui acceptaient de reprendre la ferme d'un métayer expulsé par le propriétaire terrien, et finalement n'importe quel Irlandais gênant (un bon prétexte politico-éthique étant toujours disponible pour justifier l'acte.) 

    Mais comment sait-elle tout ça, vous demandez-vous (envieux), et bien c'est le genre de choses qu'on apprend en lisant 'Comment tuer un homme' et c'est aussi le genre de choses que découvre Thomas French, venu s'installer dans la ville de Beatonboro' pour remplacer le régisseur de Madame Beaton, zigouillé lui aussi au détour d'une colline. French, qui arrive avec des propositions d'arrangement pour des paysans complètement ruinés et endettés (la grande famine de 1850 n'a épargné personne) devient vite gênant pour les Ribbonistes qui vont en faire l'homme à abattre.  

    Chouette livre : sujet peu commun, beau style, belle narration... L'auteur nous trimballe de l'univers de  French à celui des  Ribonnistes où sévissent des pieds nickelés menés par un homme cruel et malin. Les 250 premières pags se dévorent puis ça stagne un peu, on s'éloigne trop de Thomas French à mon goût et il y a une centaine de pages de trop mais, mais, mais, j'ai passé un excellent moment.

    Du coup, dans la foulée, j'ai relu les magnifiques pages de "Chimère" (NUala O'Faolain) consacrées à la famine en elle même, sujet que Gebler n'aborde pas de front.

    Et non, le génome de la loose ne fonctionne pas sur le principe des vases communiquants, pendant que mon frère se faisait courser par un renard enragé (oui, les choses prennent vite des proportions énormes chez les Bouboule) (la prochaine fois qu'on en parlera, il s'agira d'un renard enragé GEANT),  je développais une charmante allergie à un anesthésique dentaire qui me vaut désormais le doux surnom de Quasimodo de la joue. Je vais donc relire Notre Dame de Paris. Lire.